Parc Historique / Clairière des étoiles
12. Bob Verschueren
“Chemin de vie”
Publié le 17/01/2020

Au milieu du sous-bois, une sorte de serpent émerge d’une souche d’arbre. Celui-ci serpente entre les arbres alentour et termine son cheminement en s’enfonçant d’un dernier bond dans le sol. Parcours évoquant le chemin de l’arbre, qui vient de la terre et retourne à la terre.
Pour réaliser ses installations, Bob Verschueren cueille, récolte, tri, repique des éléments végétaux et minéraux qu’il récolte dans l’espace environnant.
L’artiste travaille exclusivement le végétal et réalise des installations in situ qui prennent en compte l’histoire du lieu et de l’architecture qui les accueillent. La nature fragile et périssable des matériaux qu’il utilise lui impose une négociation permanente avec la nature. “Ce sont les propriétés du matériau qui génèrent la forme dans un processus expérimental non dénué de risque, le végétal imposant parfois à l’artiste de profondes modifications au regard de son projet initial.”
La nature, sa source inépuisable d’inspiration, lui permet de travailler selon une méthode adaptée à sa convenance : “Il me faut une part d’incertitude, une chance d’être surpris. Travailler avec les éléments de la nature exclut le risque de tout maîtriser, de s’ennuyer.”
Son travail se base alors sur la notion d’éphémère puisqu’il s’intéresse avant tout à la métamorphose et à la dégradation de la vie végétale. En effet, ses œuvres sont fragiles et ne sont pas conçues pour durer, mais pour vivre le temps d’une exposition, avant de disparaître. Ce caractère est donc un trait constant dans son travail et provoque une interaction avec le spectateur puisqu’il leur fait signe de bien regarder afin de s’en souvenir : “Un coup de balai comme / un coup de vent. / Tout disparaît / à jamais / mais perdure dans nos mémoires”. C’est ainsi qu’il explique le lien de ses œuvres avec le temps et la mortalité.
De plus, ses œuvres ne sont qu’une trace dans notre mémoire et Bob Verschueren ne leur donne alors pas d’appellation spécifique. Il se contente seulement de regrouper ses différentes façons d’appréhender la nature au sein de son travail.
Auteur de multiples installations végétales, Bob Verschueren utilise les éléments de la nature comme moyen d’expression. À partir d’éléments végétaux issus du Domaine de Chaumont-sur-Loire, il transforme des arbres et des branches en sculptures spectaculaires, évoquant à la fois la splendeur et la déliquescence des choses.
“Mes installations ne contiennent pas de messages. Elles évoquent bien plus mes questionnements sur les rapports antinomiques entre la vie et la mort, la création et la destruction, sur la place de l’homme dans la nature et les relations entre éthique et esthétique. Elles tentent aussi de changer notre regard vis-à-vis des déchets et de nous faire réfléchir sur les problèmes qui en découlent.
Chaque installation a valeur de métaphore et non de symbole. Je ne souhaite pas encapsuler mes installations dans des lectures obligées, univoques. Je préfère les garder ouvertes à la lecture de chacun, avec sa propre sensibilité, ses propres acquis. Je cherche à ce que mes installations aient un caractère événementiel. Lorsqu’une installation entre en résonnance avec le lieu qui l’accueille, elle se pose alors comme une évidence, établissant une tension entre l’intemporel de la proposition et son caractère éphémère.
Pour moi, le caractère éphémère d’un travail a une influence sur le regard qu’on lui porte. Je considère que chaque visiteur d’une exposition est détenteur de sa mémoire. La photographie d’une installation n’est pas la finalité du travail mais bien une part de sa mémoire.
Dans la grande majorité des cas, les matériaux utilisés sont de l’ordre du déchet. Le passage de statut de ‘nature’ à celui d’‘ordure’ est un des points centraux de mes réflexions.
Je considère l’ensemble du travail comme une sorte de parcours initiatique, où la nature me donne de véritables leçons de philosophie, leçons de vie.” Bob Verschueren
REPÈRES BIOGRAPHIQUES
Bob VERSCHUEREN
BELGIQUE


Bob Verschueren est un artiste plasticien autodidacte, né à Etterbeek en Belgique en 1945.
Il débute sa carrière artistique à la fin des années 1960 par la pratique de la peinture.
En 1978, il s’oriente vers le Land Art en réalisant des Wind paintings, pigments naturels répandus au vent dans le paysage et des Light paintings, une réflexion sur la nature confrontée à la lumière.
Dès les années 1980, il utilise exclusivement des matériaux naturels, et en particulier végétaux, pour réaliser ses œuvres.
Depuis, il a réalisé plus de 250 installations en Europe et ailleurs.
Pour chacune de ses œuvres, Bob Verschueren veille à ce que l’architecture du lieu, la nature et le matériau choisis s’accordent parfaitement.
Déplacés de leur cadre naturel, les éléments récoltés pour construire les installations sont voués à la décomposition.
Il interroge ainsi constamment l’indéfectible lien qui existe entre la vie et la mort. Il explore aussi d’autres domaines comme le son (Catalogue de plantes), la gravure (Phytogravures), la photographie... Un terrain vague, une forêt, un lieu d’exposition deviennent pour lui autant d’espaces d’expérimentation. Seules deux de ses œuvres sont pérennes. Elles sont présentées à Bruxelles à la Maison d’Érasme et au Jardin des Visitandines et constituent toutes deux comme une bulle de méditation à l’intérieur de la ville.